Une charcuterie simple et naturelle

Pourquoi ce Blog ?

La charcuterie m'a toujours attiré. Petit je passais mes mercredis chez mes grands parents, et j'adorais quand ma mère me déposait chez eux pour la journée. Ne croyez pas qu'ils étaient un papy et une mamie gâteaux, non ce n'est vraiment pas ce qui les définissaient. La vraie magie c'était que mon oncle tenait une boucherie-charcuterie. La boutique, jumelée à la grainèterie de mon grand-père, jouxtait la route principale du village. En fait c’était une petite échoppe. A l’extérieur, côté jardin, se trouvait une meule en pierre, suspendue par un axe au dessus d'un bac d'eau. A condition de faire attention et d'avoir un mouvement régulier, il m'arrivait de tourner la manivelle pendant que mon oncle donnait du mordant à ses couteaux.  La porte arrière donnait sur un tout petit labo qui me semblait immense. A la hauteur de mes yeux se trouvait un hachoir, un billot, un peu plus haut quelques crochets où il pendait un rouleau de ficelle et une scie manuelle. Ce labo était totalement ouvert sur l'espace de vente de telle sorte qu'il était impossible de tricher, chaque client pouvait avoir un œil sur les produits et la découpe.
Devant ce labo se trouvait une petite vitrine réfrigérée, la pointe de modernité pour présenter les produits. Au dessus de la vitrine une nouvelle barre pourvue de crochets, d'où saucisses et saucissons s'exposaient à la tentation des clients. Une balance Testu blanche à contrepoids trônait sur le comptoir de la fameuse vitrine. Mais ce qui me fascinait le plus, c'était le Saint des Saints, la pièce qui m'était interdite: la chambre froide. L'endroit où les quartiers de viande disparaissaient juste après être sortis du camion blanc. C'était un vrai coffre-fort, avec une poignée à gâche horizontale fixées sur une épaisse porte métallique qui s'ouvrait dans un petit cliquetis et se refermait d'un bruit sourd sur le trésor. De là sortait les pièces de viande qui, après avoir été apprêtées, se transformaient sous mes yeux en rôtis ou en interminables boas de saucisses qui s'enroulaient sur une pyramide métallique. Je pouvais, à condition de ne pas en parler à mère, goûter de la viande crue. J'avais l'impression d'être dans le secret, de faire parti des initiés.
C'était un univers, de couteaux, de machine, de coffre-fort et de "bon mangé" couvert d'interdits, de plus j'avais le sésame qui me donnait accès à la porte dérobé de l'arrière boutique. Tout était réunis pour faire rêver un petit garçon.

Diversion pour faire croire que le texte est plus court
Voilà pourquoi une fois grand, j'ai eu envie de réaliser ma propre charcuterie. Quand j'ai voulu me lancer, je me suis aperçu que les choses n'étaient pas si simples. Il est toujours possible de trouver par-ci par-là des recettes et des gestes à effectuer, mais ils  sont rarement associés au pourquoi de la chose. Il nous est souvent dit de procéder de telle manière mais sans nous dire à quoi sert cette phase ou si elle est fondamentale. De telle sorte que si l'on rate sa recette on se retrouve totalement perdu, sans savoir d'où vient notre erreur et donc comment la corriger. La correction de certaines erreurs vient du bon sens comme les règles d'hygiènes, pour d'autres  c'est plus complexe. Je me suis donc plongé dans des bouquins plutôt austères. Des manuels de technologies culinaires comme Le livre du compagnon charcutier-traiteur. Ce sont des livres généralement réservés aux professionnels, pour les artisans ou ceux qui veulent passer un bac pro.

Un graphique ça donne toujours l'air intelligent 
 N'étant ni pro et ne voulant pas en faire mon métier cela m'a demandé de prendre sur moi. Ce n'est pas la lecture la plus passionnante au monde, aucun rebondissement ni "cliff-hanging" en fin de chapitre ;-). Mais mon but était de comprendre afin de pouvoir éviter ou corriger mes erreurs, ainsi qu'adapter mes recettes pour un usage domestique. J'avais envie de faire simple, naturel et sain. Il me fallait donc savoir quels étaient les additifs ajoutés aux charcuteries, à quoi ils servent, et surtout comment s'en passer s'il sont nocifs pour la santé. Car lorsque l'on se promène sur internet et que l'on voit écrit, en caractère gras, sur un paquet de "tout prêt" pour charcuterie "Emploi Limité", même Homer Simpson se dit "D'oh!"
Illustration de mes propos
comprenant que ce mélange contient des produits qui ne sont pas des plus sains pour la santé. Evidement on peut toujours dire tout est dangereux à forte dose. Néanmoins lorsque l'on étudie dans les détails chaque élément et le pourquoi de son utilisation, on s'aperçoit que l'on peut l'éliminer ou le remplacer par un savoir faire ou un élément sain. La question n'est pas tellement du "c'était mieux avant" mais plutôt que les objectifs on changés; de sorte que le but des industriels et des consommateurs divergent. D'un côté les industriels cherchent à produire plus, plus vite en conservant un maximum de masse en essayant de sortir un produit fini le moins pathogène possible. Ce que l'on peut résumer par : vendre un produit séché contenant le plus d'eau possible (ô0) pour faire du poids. Problème c'est en milieu humide que les agents pathogènes se développent, solution ajouter des additifs.
De l'autre côté le consommateur qui cherche un produit sain pour sa santé, qui n'a aucune contrainte de temps, de volume ou de poids du produit fini. Il est clair que ces deux objectifs divergent.

Je m'y suis peut-être mal pris, mais je n’ai  pas trouver de blog qui répondait à mes attentes, j'ai donc décidé de consigner sur ce blog mes recettes tout en essayant de retranscrire le pourquoi de tel geste ou de l'utilisation de tel produit. Mon but est de partager mes découvertes de manière ludique et d'apprendre des autres. De fabriquer des produits comme avant, mais avec les outils et les connaissances d'aujourd'hui. C'est pourquoi je compte sur vous pour m'appendre des techniques que je ne connaît pas et de les partager. Dans le but que chacun puisse inventer sa propre recette et en être fier.

Si vous avez eu le courage de lire ce plâtras de texte vous devez être sacrément intéressé par la charcuterie, ou alors vous êtes prêt à tout pour buller encore un peu !°÷°!  En tout cas merci de l'attention que vous avez porté à mes propos, maintenant vous savez le pourquoi de ce blog.


8 commentaires:

  1. Pingouin-fumé25 mai 2013 à 22:56

    Merci Yakinkun pour ce chouette blog !
    Je commence doucement à essayer de faire mes charcuterie moi-même et j'ai constaté le même "manque" que toi! Beaucoup de recettes toutes plus intéressantes les unes que les autres, mais toutes divergent de façon parfois hallucinante (exemple, une saumure basique pour du porc ou du boeuf: on va lire 2 kilos de sel pour 4 litres d'eau quelque part, et 300 grammes pour la même quantité d'eau ailleurs...). Tes recettes me séduisent pas mal... J'en dirai davantage lorsque j'aurai tenté ! Continue comme ça !

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    1. Hugh Pingouin-fumé!
      Après m'être planté quelques fois, mon conseil est de commencer par des charcuteries faciles pour avoir envie de poursuivre l'expérience . Les cuites comme les pâtés en bocaux ou le jambonneau nous donne l'impression d'être les rois du monde ;) mais il faut attendre pour les déguster :( car elles se bonifient en vieillissant.
      Les plus simples en salaison sont les charcuteries d'une pièce comme le magret séché, la coppa, le lomo, ou la pancetta (non roulée). Mais il faut attendre l'hivers ou l'automne pour les préparer, quoi qu'en ce moment ;) ou bien disposer d'une bonne cave.
      Pour ce qui est de la saumure je préfère les saumures sèches. Il est très compliqué de mettre un grand seau qui contient la saumure et la viande dans le firgo de plus ça détrempe la viande.
      C'est vrai que ton exemple donne à réfléchir : pour une saumure liquide il est conseillé de la faire entre 5 et 10% ; c-à-d entre 50 et 100gr de sel par litre. Donc quand on te conseille 2kg pour 4 litres c'est plus salé que la mer morte (27,5%) presque le double ô0! donc si tu mets ta viande dans une telle saumure, eh bien .... elle flotte :))
      Bonne charcutailles et
      Fais-nous partager ton expérience et tes découvertes Merci

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  2. Ton conseil sur les premier essais à tenter me semble judicieux!
    J'ai mis au sel hier soir un gros morceau de poitrine de porc en suivant ta recette. Vu le poids du morceau, ce n'est pas très pratique à manipuler: c'est là que je regrette de ne pas encore disposer d'une sous-videuse, cela simplifierait les choses. J'en dirai plus dans quelques jours, car je penser fumer le tout mardi étant donné, comme tu l'as remarqué, que le temps se prête bien à la fumaison à froid :)
    D'ailleurs, hier, mon père a mis à fumer un gros filet de saumon dont il avait enlevé la peau et qu'il avait seulement suspendu à des crochets, faute de disposer d'une grille adéquate. Résultat des courses: la chair s'est délitée et a fini par tomber en bas du fumoir. Nous nous en sommes rendus compte trop tard et le morceau avait commencé à cuire en raison de la chaleur produite par la combustion de la sciure, supérieure, à cet endroit, au reste du caisson. Même si ce n'était pas ce que nous souhaitions faire, le saumon mi-cuit s'est avéré un véritable délice...superbe !!!

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    1. Salut Pingouindesbois,
      Si l'on veut trouver des champignons dans les bois, il faut aller dans les coins à champignons.
      Alors si tu veux que tout le monde profite de ton expérience pour s'améliorer, fais-nous part des commentaires du saumon dans le post saumon ;)
      Je t'ai pas dit mon animal totem c'est le zèbre, avec ses rayures biens parallèles ;)

      Sinon, oui quand on fait du saumon fumé il faut toujours garder la peau c'est elle qui tient les chairs ensembles comme tu as pu le constater :( de plus les chairs se tiennent mieux quand on les tranche finement.
      Le saumon fumé à chaud c'est super bon mais il ne se conserve pas, dans ton cas ça n'a pas l'air d'avoir été une punition ;)

      Dis-nous comment ça s'est passé pour le morceau de poitrine..... dans le sous-bois des poitrines, à gauche des fougères ;)

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  3. Bonsoir,

    j'aurais une petite question (plusieurs en fait) à propos de saumure et je ne sais pas dans quelle autre rubrique les poser, alors je me jette ici (désolé si ce n'est pas le bon endroit):

    - tu parles de saumures liquide entre 5 et 10% de concentration en sel: pourtant, la majorité des recettes papier que j'ai pu lire partent plutôt entre 10 et 15% (12,5% dans "Le livre de l'apprenti charcutier", par exemple). Qu'en est-il réellement, pour s'assurer d'un résultat sécuritaire ?

    - je convoite ton livre "Le livre du compagnon charcutier-traiteur" mais il vaut super cher sur les sites spécialisés et je ne le trouve pas en bibliothèque. Me vendrais-tu le tien ?? :))) (on peut toujours tenter sa chance ;))

    - quid des "charcuteries" de boeuf ? as-tu déjà essayé ? Je demande car j'ai mis en saumure un rôti de rumsteak samedi dernier pour le fumer vendredi et en faire du pastrami (3l d'eau, 220g de sel nitrité - j'ai craqué sur le côté sanitaire, je suis encore un peu frileux - et 65g de sucre + un peu d'ail en poudre). Je vous donnerai des nouvelles de ma tentative si cela vous intéresse :)

    @ bientôt et merci pour les réponses

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    1. Oui c'est vrai j'ai tendance à vouloir maîtriser les quantités de sel.

      - Effectivement le livre du compagnon conseille des saumures à 15% pour les produits de salaison et un peu moins pour certaines charcuteries cuites. Mais la mise en oeuvre des saumures liquides est tellement contraignante: place, milieu réfrigéré, lestage de la pièce de viande, temps de saumurage (une dizaine de jours en chambre froide pour une poitrine selon le livre du compagnon), étuvage entre +40° et +45°; que je préfère de loin une saumure sèche ou mieux sous vide pour avoir un contrôle total du sel apporté. Tu l'auras compris la saumure liquide c'est pas ma tasse de thé, c'est comme l'injection de saumure, ça s'adresse plus aux pros. De plus la préparation de saumure contenant plus de 210gr de sel nitrité / litre est formellement interdite, même en vu d'une dilution ultérieure! Ok ça fait 21% mais sans être particulièrement péteux ce genre de truc me donne à réfléchir, pas toi? Alors que le pré-dosage du sel nitrité est justement fait pour éviter ces risques en utilisation de saumure sèche, car si on atteint les doses "critiques" la charcuterie sera tellement salée qu'elle sera immangeable.
      Pour ce qui est du risque sanitaire il faut savoir que la multiplication la plus importante des bactéries s'effectue entre 20° et 50° que la zone thermique dangereuse est de +10° à +65° et que l'arrêt du développement pathogène des bactéries se situe à 3° et en dessous. De plus mettre la viande au sel sert à en chasser l'humidité pour éviter le développement bactériologie. Donc personnellement, sans chambre froide je ne prendrai pas le risque de laisser de la viande dans de la flotte pendant 10 jours sans en maîtriser la température.

      - Pour le livre du compagnon encore un coup tu as raison, il fallait tenter !^^! mais ce sera quand même non ;) J'ai acheté le mien d'occase dans un librairie spécialisée en livres scolaires d'occasions. C'est bientôt l'époque, les étudiants ne vont pas tarder à se débarrasser de leurs bouquins tu devrais tenter le coup ;)

      - En ce qui concerne le boeuf c'est comme toute autre viande, sauf que le rumsteak est une partie maigre de la cuisse, au-dessus des fesses :) et comme toute viande très maigre elle va sécher plus vite, et se rétracter plus. Alors il te faudra suivre de près la phase de séchage.
      Pour ce qui est du sel nitrité, tant que c'est du sel nitrité (dosé à 0,6%), que tu ne fais pas tes mélanges toi-même avec du salpêtre et que tu l'utilises dans de la charcuterie crue; c'est pas terrible pour la santé mais d'après le code de la charcuterie tu risques rien. Par contre pour ce qui est des charcuteries à cuire il faut savoir que la dangerosité du nitrate de potassium augmente avec les températures élevées aux alentours de 120° de mémoire (mais j'en suis plus très sûr en tout cas c'est de cet ordre). C'est pour cette raison qu'il est limité à 0,05% dans la saucisse de Toulouse car elle est destinée à être grillée. C'est 10 fois moins que dans le sel nitrité pré-dosé! Donc prudence, quand tu prépares un produit qui est destiné à être cuit à plus de 120°.
      Tu dis pastrami donc cuisson, d'après mes calculs tu es à 1,32gr de nitrate de potassium pour 3 litres donc à 0,044% ! Tu es encore dans les clous ;) , mais moi je te conseillerais pour les prochaines fois de remplacer une partie du sel nitrité par du sel de mer. De toute façon la toxine botulique ne résiste pas à une température supérieure à 121° :) Des fois les médicaments sont pire que la maladie. Tu vois quand on dit que des peureux il s'en sauvent toujours quelques uns... ou pas en fait ;) tout dépend de quoi ils ont peur :))

      Et enfin oui ça m'intéresse de savoir comment tu t'occupes des fesses de boeuf :))

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  4. Bravo !

    Cela fait de nombreuses années que je fais mes charcuteries, cuisinier de métier ( retraité)j'ai depuis toujours eu le soucis de faire du bon, frais, vrais. Je suis épaté par votre blog qui est concis et bien documenté.
    Il y a peu de blog vraiment intéressant et bien foutu, Tel que le votre, ou " Chef Simon". Bravo encore ! Et merci pour tout ce travail.

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    1. Merci Guy pour votre commentaire, de tels retours sont très agréables. Je suis heureux si j'ai pu vous apporter quelques petits trucs et partager un peu de savoir faire.
      Je suis toujours touché par les retours de professionnels ou de retraités qui connaissent leur métier.

      Merci à vous de me lire et bonnes charcutailles.



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